18/05/2025
Aujourd’hui, partout dans le monde, on célèbre la Bretagne et ce qui fait son originalité, sa langue, sa culture, sa musique…
Mais pendant que les Catalans investissent 200 millions d'euros par an pour former 100 000 nouveaux locuteurs, alors que le parlement Gallois adopte à l’unanimité une loi ambitieuse visant à proposer l’enseignement du gallois dans toutes les écoles du pays, ici, en Bretagne, la volonté politique et les moyens peuvent parfois manquer.
Le soutien des collectivités aux initiatives en faveur de la transmission et l’usage de la langue bretonne stagne, comme le prouve le non-respect de la Loi Molac par certaines mairies s’agissant du versement du forfait scolaire à Diwan, comme le prouve le non-respect de la convention Etat-Région… Pire, des collectivités doivent reculer dans leur soutien à celles et ceux qui œuvrent contre vents et marées pour la langue bretonne, car Paris les a obligées à raboter leurs finances, et c’est souvent les politiques culturelles et linguistiques qui en font les frais. Ce sont les associations qui constituent l’écosystème dans lequel les écoles en langue bretonne s’insèrent qui sont touchées. Certaines, notamment en pays Nantais, ne passeront pas l’hiver !
En plus d’une hostilité constitutionnelle dénoncée de longue date, la langue bretonne fait les frais de l’austérité budgétaire.
Ainsi, nous venons d’apprendre que Radio France envisagerait de réduire le nombre de journaux en langue bretonne le matin sur Ici Breizh Izel, avec seulement un journal, diffusé à 6h30 du matin, au lieu de 3 !
En 2022, le ministère de la culture français avouait dépenser 120 euros par an et par habitant en Région parisienne contre 20 euros en Région Bretagne. Imposer la rigueur va accentuer ce déséquilibre vertigineux.
La langue et la culture bretonnes ne doivent pas être des variables d’ajustement.
Nous appelons les élus régionaux, dont le président avait promis « + de Bretagne », à agir concrètement pour que leur vœu d’autonomie ne reste pas qu’un simple principe d’intention.
C’est le moment d’en reparler si nous voulons pouvoir prendre des décisions comparables à celles de nos amis Gallois et Catalans.
En attendant, nous avons des idées ! Dans moins d’un an, auront lieu les municipales. Nous proposons aux candidats, de Brest à Clisson, d’inscrire dans leur programme le versement d’un 1 euro par an et par habitant au niveau des intercommunalités pour les pratiques de transmission et d’usage de la langue bretonne dans les crèches, les centres de loisirs, dans les arts, les pratiques sportives et culturelles, la promotion de l’enseignement en breton, les centres de formations, les médias ! Certaines le font déjà car c’est légal. Cela représenterait 5 millions d’euros, soit un complément de 38 % au budget régional consacré aux langues.
Nous saluons aussi tous les artistes et les intermittents en lutte pour l’accès à toutes les pratiques culturelles, quelles qu’elles soient, et la défense de l’emploi. Nos intérêts sont communs.
Nous souhaitons également réaffirmer notre solidarité avec les locuteurs du gallo et les personnes qui travaillent à sa conservation et sa promotion. Mais nous n’accepterons pas que le gallo soit instrumentalisé contre la langue bretonne et vice-versa, ni par l’État, ni par les élus ou quelques provocateurs. Nous réaffirmons le droit et la nécessité pour la langue bretonne d’être enseignée et affichée publiquement partout, dans l’ensemble des 5 départements bretons.
Enfin, nous remercions chaleureusement les bagads et les musiciens venus sonner aujourd’hui. Comme eux, il y a quelques jours, nous affirmons que la culture bretonne sous toutes ses formes, constitutives d’une identité plurielle à transmettre dans la joie et le partage, doit être appropriable par toutes les bretonnes et tous les bretons, qu’ils et elles soient arrivé·es récemment où que leurs familles vivent ici depuis longtemps, et ce sans distinction de couleurs de peau, de croyances, ou d’orientations sexuelles. Non à la haine, non à la xénophobie.
Mersi bras deoc’h ha deomp dezhi ! Ar brezhoneg a vevo ha pep euro a gonto !